Bon allez en cet fin de mois de Novembre (jamais trop tard héhé) ça peut peut-être vous remonter le moral ou vous permettre de rester motivés les P1, alors si t’en as marre de la biomol ou que le pied ne rentre toujours pas (petit(e) cochon(ne) hein) prends toi une tasse de café et viens lire l’incroyable récit de mon stage infirmier (et comme je sais pas faire court, ça va sans doute être long, j’étais sérieuse pour le café, rajoute même des biscuits).
Non plus sérieusement, j’étais en stage de nuit de 21h à 7h du matin à Saint-Antoine (SA). Alors faut savoir que j’avais volontairement choisi cette horaire, 1) parce que je me disais que ce serait une expérience plutôt bizarre 2) parce que je pensais que ça minimiserait mes chances d’aller en gériatrie (bah ouais, je me disais « les vieux la nuit ça dort » que nenni comme j’étais dans le faux). Faut savoir que j’ai passé ma P1 à dire à mes potes « tout sauf gériatrie pour mon stage inf, imagine apprendre à faire une prise de sang sur la peau d’un vieux, elle est élastique je vais lui faire des bleus pas possible sa famille va porter plainte ». Bien sûr avec mon karma, j’ai atterri en… UGA ! Unité de Gériatrie Aigue pour les intimes.
J’appréhendais vachement au début, je me disais que ça allait être glauque comme service pour une première fois à l’hôpital. Puis j’avais tort (encore, tu commences à avoir l’habitude hein). Parce que c’était vraiment une suuuuper expérience. Déjà bosser la nuit, ça donne la sensation d’appartenir à une secte secrète, quand tu prends le bus à 7h pour rentrer dormir en regardant les gens partir au boulot t’as envie de leur gueuler « bah ouais copain moi je rentre dormir ». Et puis surtout, y avait beaucoup de travail. C’était de l’aigu, du coup en réalité les patients pour la plupart sortent directement des urgences de SA où ils ont fait un AVC des choses comme ça, parce qu’ils ont besoin de soins de suite et d’une hospitalisation, et qu’ils rentrent dans la catégorie d’âge disons. Et qui dit nuit dit 2 infirmières et de 2 AS pour 30 lits, sachant que la grande majorité des patients en gériatrie ne sont pas autonomes, ont une couche, une sonde etc, et qu’en plus ils ont plein de médicaments à prendre régulièrement dans la nuit, et des bilans sanguins à 6h du matin. Donc oui, ça fait du boulot.
Première nuit on m’a mise dans le bain direct, les infirmières et AS étaient super sympas, celle que je suivais prenait le temps de bien m’expliquer ce qu’on devait faire, m’encourageait à me présenter systématiquement aux patients pour qu’ils sachent bien qui j’étais, dès qu’il y avait des gestes à faire BAM on m’envoyait au charbon pas le temps de niaiser. J’ai appris à faire des poches de médicaments, à changer des perfs routine normale, mais cette première nuit y avait aussi 2 patients qui avaient arraché leur perfusion IV et fallait refaire complètement la pause. Eh bien l’infirmière l’a fait sur le premier patient pour me montrer l’exemple et m’a laissée le faire seule pour le deuxième (en restant à côté bien sûr), du coup bah fallait y aller franco avec l’aiguille et pas avoir peur du sang hein. Et c’était comme ça à chaque fois : je me suis retrouvée à faire un gaz du sang (c’est une prise de sang artériel donc faut planter plus profondément pour aller chopper l’artère) sur un patient qui avait Parkinson, imaginez vous 3 secondes chercher un pouls sur le poignet d’un patient qui arrête pas de trembler… (Et l’inf qui me dit « tqt si tu plantes au bon endroit normalement le sang devrait monter tout seul » hahaha) Et puis même si je savais que j’allais lui faire mal bah quand faut y aller faut y aller j’ai planté mon aiguille dieu merci j’avais choppé le bon endroit.
Au total j’ai dû faire 5 ou 6 prises de sang aussi, la première je l’ai un peu ratée mais c’était une patiente absolument adorable elle a même pas bronché en me disant que c’était pas grave et qu’elle avait « rien senti » (elle m’aimait bien je pense). Puis on prend rapidement le coup de main, même si certains patients étaient particulièrement difficiles à piquer vu leurs veines très plates ou fines. Puis sinon y avait la base température glycémie tension saturation, ou alors les injections sous cutanées. J’ai aussi administré de la morphine, et vu le fameux placard sous scellé où ils planquent les stupéfiants (coucou l’UE6). Ah oui poses de sonde urinaire aussi (le patient masculin avait l’air de souffrir le martyr le pauvre j’ai eu mal pour lui). Au final niveau gestes infirmiers j’étais vraiment bien gâtée. Et ce qui était top c’est que l’équipe après une nuit m’a vraiment laissée prendre des initiatives, aller dans les chambres seule et préparer de mon côté les médicaments puis les poser, je me sentais autonome et pas mise à part quoi.
Bien sûr y avait pas que l’infirmier, y avait aussi le côté aide-soignant, j’ai aidé aux changes et au nettoyage des patients (comme je l’ai dit la plupart étaient pas autonomes). Au début pour pas mentir j’appréhendais de devoir nettoyer un patient, mais finalement ça n’a rien d’horrible, on s’habitue et les patients en état de vous remercier le font vraiment chaleureusement, en tout cas c’était mon cas.
Humainement parlant surtout c’était top. Alors oui c’était pas la joie tout le temps toute la nuit, la gériatrie finalement ça ressemble un peu à la psychiatrie, y en a beaucoup qui délirent total, ils crient dans leur sommeil, vous les retrouvez dans le bureau des internes en train de pisser dans la poubelle, ou alors vous avez le bonheur de retrouver votre patient dans sa chambre qui a retiré sa couche et fait caca partout (histoires vraies). Alors forcément vous devez nettoyer et c’est pas super agréable. Y a aussi ceux qui des fois pensent qu’ils sont à l’hôtel, vous sonnent toutes les 3 secondes pour que vous arrangiez leur oreiller. Ceux qui sont super réticents, pas très contents d’être là, limite ils vous chassent de la chambre. Y a les agressifs qui insultent ou frappent. Y a de tout quoi.
Mais y avait aussi des patients adorables avec plein d’histoires à raconter, et à qui vous sentez que vous remontez le moral juste en les écoutant et en parlant un peu avec eux. Y a ceux qui vous remercient en vous donnant des bonbons. Y a la dame de 9*ans qui te demande si t’as pas de la bière quelque part parce qu’elle pourrait rester parler toute la nuit avec toi avec une bonne bière et de la choucroute. Y en a qui vous regardent les larmes aux yeux en vous disant à quel point ils vous trouvent courageux et gentils de faire ça pour eux, alors que c’est eux qui sont malades sur un lit d’hôpital. Bref y en a pleins des comme ça en fait, et ça m’a vraiment touchée. Les infirmières et les AS aussi je les ai trouvées incroyables, elles ont beaucoup de patients, et elles sont d’une patience et d’une gentillesse mais DINGUE, vraiment, vu le travail et la difficulté parfois. Donc ouais c’était vraiment génial en fait.
Une dernière chose, forcément qui dit gériatrie dit décès. Et effectivement j’en ai eu deux au cours du stage : mon premier jour et mon dernier jour. Et rien ne nous prépare tellement à ça, surtout lorsque les familles viennent et sont en pleurs. On se console en se disant qu’on espère qu’ils ont eu une belle vie…
Bon je terminerai en disant comme t’as dû le comprendre que j’ai adoré mon stage, et que je ne cracherai plus jamais sur la gériatrie je pense. Ce stage, ça apprend vraiment à respecter le travail des infirmières et des AS, sans elles (et eux) y aurait personne pour appliquer les consignes et pour faire du nursing. Et puis mon service était vraiment très axé sur l’humain et le relationnel, j’ai eu de la chance, parce que ça enrichit.
Voilà voilà j’espère que vous êtes pas morts d'ennui en lisant ça (je vous avais dit que ce serait long) et si vous avez la mooooooooooindre question hésitez pas !!
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