Hb95 a écrit : ↑16 mars 2021, 09:39
Boonjouur, je suis revenu pour vous embêter avec mes questions encore . En fait dans ce cours j'ai du mal a comprendre les idées de Husserl et Ponty , surtout quand Husserl dit que le corps = objet intentionnel qui nous permet de nous orienter dans le monde et pour Ponty c'est carremeent la diapo : Capture Ponty.PNG. Si qqn pourrait m'aider svpp en m'expliquant ce qu'ils veulent dire . Merciii d'avance !!
Salut !
Je me permets d'apporter quelques précisions sur ces notions hyper abstraites (on a beaaaaucoup étudié la phénoménologie avec Husserl et Sartre en Term et j'avais adoré donc j'espère pouvoir t'éclairer
).
Ce qu'il faut vraiment saisir avec Husserl c'est la notion "d'intentionnalité", que le prof n'explique pas du tout.
Husserl il dit une chose très intéressante c'est que "toute conscience est conscience de quelque chose", donc que la conscience elle ne peut QUE se projeter vers l'extérieur, vers l'extérieur du corps du coup (= à l'extérieur du sujet, du moi incarné ou "corps-sujet" selon le prof). Donc la conscience ça n'est pas un récepteur, une "tablette de cire" sur laquelle le monde viendrait s'imprimer : elle façonne elle-même cette opposition intérieur/extérieur par sa nature "intentionnelle" = de mouvement vers ce qui n'est pas elle, vers le monde.
Donc quand le prof dit que le corps devient un objet intentionnel, il veut dire que le corps est doué d'une conscience qui a une nature intentionnelle= de mouvement vers l'altérité (ce qui est autre) (il le dit à l'oral d'ailleurs, ce n'est pas marqué sur la ronéo).
D'ailleurs, (mais ça dépasse ce cours) Sartre ira encore plus loin en disant que la conscience n'est que du vide, que du "néant" puisque qu'elle est toujours hors d'elle, elle est "le dehors d'elle-même", jamais fixe, donc que le sujet ne peut pas exister, et que si l'on croit "être quelqu'un", on se ment à soi-même, on fait preuve de mauvaise foi, puisqu'on n'est rien du tout
Essaie de te concentrer et de prendre conscience de toi-même... Tu ne peux que ressentir la chaise sur laquelle t'es assis, des souvenirs, le son de ton ordi qui grésille, te remémorer la douce voix d'Ophélie "il vous reste 10 minutes !" etc... Mais toutes ces choses elles viennent du monde, à la base. Donc c'est impossible de prendre conscience de soi, tu ne vas trouver que du vide parce que la conscience elle ne peut aller que vers le monde, jamais vers elle-même...
Le soi pour Sartre c'est comme une pièce dans laquelle on entrepose des "consciences" qui viennent de l'extérieur, donc le soi en lui-même est vide, tout ce qui le constitue vient du dehors, on ne peut pas toucher "la pièce", on ne peut toucher que ce qu'on y a entreposé... ça fait froid dans le dos !
Merleau Ponty il reprend le concept d'intentionnalité mais en disant clairement que c'est le corps, et non simplement la conscience comme le disait Husserl, qui est le siège des significations par lequel je peux structurer mon expérience au monde. Et il y a vraiment une ambivalence, c'est à dire qu'à la fois, c'est par lui que je peux me représenter le monde, que je peux être "voyant" (alors que pour Husserl et Sartre, remember, c'est le job de la conscience avant tout) , mais en même temps il se voit lui même en train de voir (c'est vraiment perché je le conçois), le corps est "de la même étoffe" que les êtres perçus (le prof dit : "le corps est un moyen d'avoir accès au monde mais il est aussi la doublure externe de l'âme").
Extrait de mon livre de philo de terminale : "Merleau-Ponty peut être confronté à Husserl, ce dernier pensant le sujet comme pure conscience, alors que l'originalité de Merleau-Ponty est de réhabiliter la notion de corps et d'effacer la ligne de partage traditionnelle (Platon) entre le corps et l'esprit".
J'espère avoir été clair !